En complément de la table ronde du 28 novembre 2022 sur la gestion sociale de la fin des IIR, nous publions ci-dessous les informations complémentaires sur les contributions à cette action de la CGT (qui n’a pas pu malheureusement être représentée lors de la causerie du 28 novembre).

Sur le plan accompagnement :

La CGT a organisé de nombreuses réunions collectives de suivi avec les collègues en GAE durant presque 3 ans (3 à 4 réunions collectives par an) en accord avec la la direction.

Ces réunions se fixaient plusieurs objectifs tels que :

  • maintenir un contact régulier pour rassurer les collègues,
  • avoir un moment de discussion collective entre collègues de la GAE,
  • écouter les difficultés et les demandes,
  • remonter les besoins et les inquiétudes vers la direction.

À ce propos, il faut souligner le rôle actif de la direction pour mettre les moyens nécessaires à la résolution des situations individuelles des salarié-e-s impacté-e-s par le plan de suppression d’emploi.

Nous avons aussi accompagné de nombreux salarié-e-s tant sur de la mobilité interne groupe que sur des projets de reconversion professionnelle lourds : aide à l’élaboration du projet professionnel, évaluation des motivations, négociation des conditions de départ avec la direction, etc. telles que fleuriste, infirmière, opératrice vers un master, etc. Sans oublier les autres situations de rupture du contrat de travail à l’initiative des salarié-e-s où nous avions le devoir de vérifier les conditions matérielles, la finalité, la viabilité des projets professionnels mais aussi et surtout les conditions psychologiques dans lesquelles les salarié-e-s se projetaient en dehors du groupe. Ce dernier aspect humain a sans doute été l’élément le plus délicat et le plus important dans notre accompagnement.

Ci-dessous 3 documents décrivant des reconversions de salariées :

Sur le plan de la stratégie économique de l’établissement :

Lorsque la direction du groupe Thales referma le dossier de cession de son activité radiologique en 2012, la CGT s’est organisé en collectif pour réfléchir à des alternatives économiques afin d’inscrire le médical dans Thales et ainsi pérenniser nos emplois dans le groupe (Historique de l’action CGT Thales Imagerie et Imagerie d’avenir).

Cette démarche a abouti en 2018 via notre implication dans le Conseil National de l’Industrie (CNI) et son Comité Stratégique de Filière Santé (CSF Santé) à obtenir du financement public sur des projets de R&D dans la radiologie portés soit conjointement avec la direction (projets Nemoxis), soit seul avec le projet de CRÉATION D’UNE PLATE­FORME PROTOTYPAGE ET INDUSTRIALISATION.  

Le bilan :

Le seul regret que nous avons à posteriori c’est de ne pas avoir pu ou su contraindre la direction de MIS à différer la fin de vie du conventionnel de quelques années pour permettre de basculer sereinement le collectif de travail du conventionnel vers de nouveaux produits. Le conventionnel avait en effet quelques belles années à vivre avec seulement deux acteurs sur le marché mondial Thales et Toshiba pour satisfaire aux besoins. Thales avait la possibilité et les moyens de faire perdurer cette activité et la direction nous avait préparé dans le but d’être le dernier « des mohicans » en restructurant durant des années notre outil de production.

La Gestion Active de l’Emploi (GAE) même si elle a permis de sécuriser les salarié-e-s car elle interdisait le recours à des licenciements, reste malgré tout une expérience traumatisante pour le collectif de travail contraint à faire des choix professionnels et personnels parfois douloureux. Pour d’autres collègues (minoritaires), ce fut un moment d’introspection salutaire pour revoir en profondeur leur parcours professionnel en particulier hors du groupe Thales.

Considérer « cette matière vivante » qu’est l’humain dans toute sa complexité, dans son passé, dans son présent, dans sa projection vers le futur a été enrichissant même si ce fut souvent des épreuves tant pour ces salarié-e-s que pour les représentant-e-s du personnel. Avoir été un acteur au cœur de l’évolution des salarié-e-s au fil des mois voire des années, apprécier les bouleversements psychiques voire physiques qui se sont opérés à la faveur du plan de suppression d’emploi et du temps qui s’égrène comme un compte-à-rebours, est inappréciable à condition d’en extraire un bilan sans concession – un capital d’expérience.

Pascal Delouche