Henri Rougeot fut chargé du développement des Intensificateurs d’Image radiologiques de 1975 à 1989. Suite à son décès à 89 ans, survenu le 10 septembre 2023, nous avons tenté une petite synthèse de son parcours professionnel.

Henri a commencé en 1962 son activité au sein du laboratoire central CSF de Corbeville (anciennement labo de la Compagnie des Compteurs) puis il a rejoint, à la fin des années 1960, le Laboratoire Recherche Image (LRI) de Saint-Egrève, dirigé à l’époque par Guy Moiroud. Il a commencé par développer des cibles AsGa pour Vidicons avec Claude Lenoble et Paul Cochet. Il a suscité le développement des senseurs CCD en accompagnant une petite équipe sur le sujet (Jean-Luc Berger puis Daniel Woehrn) dès octobre 1971.
Puis il est devenu Directeur Technique pour l’Etude des nouveaux produits IIR sous la responsabilité de Guy Moiroud.Voici une liste non exhaustive des domaines dans lesquels il est intervenu :
– la scintigraphie ( avec Guy Rozières et Mme Mestais du LETI ) par le développement d’un localisateur état solide pour remplacer les gamma camera d’Anger, ;
– le détecteur scanner sous vide ;
– le perfectionnement des photocathodes ;
– la neutrographie ;
– le détecteur de “Bagage X” ;
– les IIR grand champ 14″ et 16″ ;
– les IIR tout métal ;
– les IIR génération 5 ;
– l’enrobage des aiguilles CsI (avec Gérard Vieux ) ;
– le compactage de l’écran secondaire (avec D. Gibilini) ) et le lissage (avec Guiteriez)
– il débute des recherches sur un détecteur radiologique plan dès 1983 et pose un brevet à ce sujet fin 1984. A cette date, il contribue avec Jean-Philippe Reboul au lancement du projet “Cassette X”.
Il proposa à Paul DeGroot, qui travaillait sur les IIL, de le rejoindre pour le développement des IIR. C’est lui qui le remplaça lorsqu’il quitta Thomson Tubes Électroniques en 1989, après 27 ans de collaboration. Il poursuivi sa carrière aux USA, d’abord à General Electric avant de fonder une entreprise, ANRAD, à Montréal qui commercialisait des FPD (Flat Panel Detectors pour la radiologie) à base de selenium en collaboration avec l’équipementier américain Hologic.
Il est resté 12 ans aux États-Unis puis au Canada, avant de revenir en France pour s’établir au sud de la France.
Paul DeGroot nous a confié que même à la retraite, il débordait encore d’énergie : il voulait qu’on écrive un livre sur l’imagerie X !

Ses qualités humaines et techniques sont unanimement reconnues. En voici quelques témoignages, à commencer par celui de Gilbert Colomb qui fut son proche collaborateur :
J’ai travaillé plus de 10 ans avec Henri Rougeot dès la création du service développement des IIR. J’en garde un souvenir ineffaçable.
Sur le plan humain et scientifique, sur la confiance qu’il accordait aux personnes de son équipe et sur les moyens mis à leur disposition, il était exceptionnel. Il savait rester modeste, accessible et très fin dans son humour frenglish. C’était un visionnaire qui avait un management que l’on ne connaît plus aujourd’hui. Les IIR lui doivent beaucoup.
Ce n’était pas un carriériste il vivait dans son monde de scientifique pour les idées, proposait le chemin à suivre sans s’inquiéter trop de la finance et de la mise en œuvre technologique qu’il laissait à ses collaborateurs et qui motivés par ce type de management faisait tout pour la réussite des projets.Un très grand bonhomme cet Henri Rougeot, que j’ai eu la chance de rencontrer et à qui je dois beaucoup !

Témoignage de Jacques Deschamps :
Sans avoir travaillé directement avec Henri Rougeot, je l’ai bien connu puisque nos bureaux étaient voisins à St Egrève. J’ai pu apprécier sa cordialité, sa gentillesse et sa faculté d’écoute.
Il faisait partie de cette équipe de l’usine de St Egrève qui formait une communauté, malgré ou à cause, de la diversité de ses membres, respectueux les uns des autres.

De son côté, Louis Brissot témoigne de la sollicitude de Henri Rougeot quand il était technicien pour lui avoir mis le pied à l’étrier pour devenir ingénieur. Il nous rapporte, entre autre, cette anecdote pour évoquer son humour : “Lors du départ en retraite de Lucien GUYOT, il avait fait construire un amplificateur d’image alambiqué qui séparait les électrons de signal des électrons de bruit ; Les électrons de bruit étaient envoyés vers une anode spécifique appelée cul de basse fosse !

En conclusion, Henri est un homme qui a marqué de son empreinte le développement des IIR et qui fut apprécié de tous ceux qui l’ont connu.